vendredi 29 octobre 2010

Un sac, un amant


Il y a les femmes sages, patientes, délurées, insipides. Ben, moi je suis fatalement infidèle et échangiste, par vagues. Et sectaire de l'adultère. Ça se situe entre la main et l'épaule.

Vous trouvez la comparaison déplacée ? Chanceuse (s), va ! Vous faites donc partie de celle(s) qui ne voue(nt) pas un amour charnel à leur sac. Un sac, c'est à la vie ou à la nique ! Et vous allez voir que des similitudes, il y en a...

Le rassurant
On peut avoir de longues périodes de désert lascif ou affectif avec lui. Il sait que toujours, malgré nos errements volages, nous reviendrons. Il a l'instinct que nous sommes en osmose et nous accueille complaisamment à chaque retour au bercail.

le facile à vivre
On peut les confondre avec le rassurant sauf que son code génétique ne colle pas précisément au nôtre. On doute et lui est sans prise de tête. Vous voyez toute l'immensité d'avoir une telle perle dans son sillage. On le garde bien au chaud. Au cas où...

le trop
Trop vulgaire, trop bling-bling, trop estampillé, trop tape-à-l'oeil, trop monogrammé, trop péremptoire, etc... Il a une soif de reconnaissance terrible et souvent, on oublie que celle qui le trimballe. c'est parce qu'elle en manque elle aussi, de reconnaissance.

l'exotique
On l'a ramené parce qu'il sentait l'embrun ou le foin ou le monoï ou la poudreuse. Hors contexte il perd de sa superbe inévitablement. Il peut rendre service à d'autres fins (coach de gym, cuisinier, homme à tout faire) qu'à une histoire éternelle ou sensuelle. Il arrive, que par égarement ou solitude abyssale on cède à ses charmes ethniques. Mais au matin, il faut déguerpir

le trop tendance
Mettez un bobo barbu au milieu d'une nuée de bobos barbus. Fade et insipide, sera notre unique. Prenez le même bobo barbu et fourrez-le dans une tribu de pète-sec coincés du cul. Vous en faites votre 4 heures illico presto. (chance inouïe pour moi, faible, face au barbu machin (le cabas Vanessa Bruno) chez moi est sous-représenté. Trop de bol !)

le tout faux
Tu crois avoir à faire à un cerveau, tu creuses et tu te retrouves avec un décérébré. Tu imagines qu'il est abdominal, il est abominable sous le pull. Tu entrevois une bombe, il a des migraines. Je ne me lance pas dans le croquis. Le factice, le contrefait on fuit à des milliards de kilomètres. On vaut mieux que ça. Tellement. Si on doute, on avoue notre snobisme et ça ira mieux après.

L'intouchable
Alors lui, il vole dans des sphères, loin, très très loin. Peu importe qui il est, d'où il vient (la marque et le prix !). On l'a nimbé d'une aura lubrique. Pas certaine, qu'une fois dans notre salon, il ne perde pas de son mantra de malade.


Celui du moment
C'est évident, là, présentement, il est beau il sent le caramel, buriné à souhait, malin comme un sagouin, une sensualité à nous faire grimper les murs. On jure que, mais on sait queue finit toujours par lasser.

Le prochain
Immanquablement. Au creux de mon oreiller, il m'arrive trop souvent de rêver à celui qui n'existe pas encore.


Et on pourrait continuer jusqu'à n'en plus pouvoir... La différence entre les deux ? Tellement moins d'ennuis, tellement plus de plaisir et d'élégance.


Sac Vintage Texier, déniché miraculeusement dans une friperie du Marais à Paris Vous ne trouvez pas qu'il a un air du Muse mélangé à la teinte d'un Mulberry ou suis trop amoureuse pour être objective

jeudi 28 octobre 2010

Les tiroirs à malices - Sophie Fontanel


J'ai toujours une hâte émoustillée lorsque je reçois les réponses des tiroirs à malices. C'est d'abord un plaisir solitaire et jouissif d'être la première à découvrir la face cachée du dressing de mes invitées. Puis une fierté enfantine de partager avec vous. On ne va pas s'inventer des histoires, savoir ce qui se cache dans les armoires des femmes est un lien commun à nous toutes. Ça équivaut presque à regarder par le trou de la serrure, avec le consentement de l'Autre !
Je ne vous la présente plus, je n'ai jamais fait mystère de l'estime que je lui porte. La penderie de Sophie Fontanel est synchrone à ce qu'elle est : pointue sans être fashion, intemporelle et sincère, chic et raffinée, personnelle et enviable... Je vous laisse en compagnie de la vraie Fonelle...

Dans ta famille, l’esprit était placé au-dessus du rapport au corps, mais les belles matières étaient aimées. As-tu découvert la mode très jeune ou est-elle venue à toi plus tard ?
Nous avions la passion des étoffes, peut-être parce qu’elles transcendaient le corps. J’ai aimé les vêtements dès que j’ai compris ce que c’était. Ils me permettaient d’avoir des identités rêvées, par exemple un jean que je cousais tous les matins (j’avais dix ans) autour de mes jambes pour le serrer, et m’en faire un pantalon d’écuyer. Et après j’imaginais qu’au lieu d’aller à l’école , j’allais au haras.


Te souviens-tu quel était le vêtement ou accessoire qui t’a transcendée en vraie femme
La première fois que j’ai chaussé des escarpins. J’ai gardé une passion pour ces escarpins très Belle de jour, avec le talon pas trop haut, le bout pas trop pointu, le chic absolu.

As-tu toujours eu ton propre style ou t’es-tu déguisée pour travailler dans un milieu ou simplement pour plaire ?
J’ai eu des tas de déguisements, par exemple, ma période Francis Huster, où j’étais coiffée comme lui et j’avais les mêmes petites lunettes que lui. Ou bien ma période Almodovar, (période multicolore après avoir vu Talons Aiguilles) où je mettais un pantalon jaune citron avec un caban ciré rouge et des boots orange. Un désastre. Ou bien ma période Jane Birkin, habillée comme elle, sauf que sur moi ça faisait surtout penser au look de Bruno Cremer.


Tu as raconté que, même fauchée, tu t’offrais une belle pièce par an. Ont-elles une saveur particulière, les as-tu conservés ces cadeaux
Oui, j’ai gardé les bijoux, un collier avec des maillons énormes, un bracelet serpent, une manchette en or et je vois que Céline fait la même cette année. J’ai aussi gardé un blaser de soie que je ne porte jamais, mais dont les couleurs me ravissent. J’ai aussi gardé un sac Dior Vintage, qui est comme une relique de la délicatesse d’un temps passé.


Quel rapport as-tu aux vêtements ? Tu les chouchoutes, les conserves ou tu les balances facilement ?
Je donne ce que je ne porte pas, et je balance ce qui est abîmé. J’ai une théorie comme quoi si on ne porte pas un vêtement, c’est qu’il n’est pas à nous. Et une autre théorie qui dit que si un vêtement est inconfortable c’est qu’il faut en faire cadeau à quelqu’un !

Qu’est-ce qui compte le plus dans une tenue ?
La souplesse, le tomber, la nonchalance que ça autorise sinon c’est raté. La capacité du vêtement à vieillir en gagnant en charme. La légèreté du vêtement, je mets ça par dessus tout.

Quelles sont tes fringues fétiches ?
Une combinaison de soie noire, comme une sorte de débardeur un peu long, je mets ça en robe à toutes mes soirées avec un blaser Sonia Rykiel dessus, lui-même souple et léger.

Et tes accessoires favoris ?
Un bonnet avec un pompon, parce que j’ai l’impression de jouer dans Love Story quand je le porte. Des escarpins rayés (en rouge et blanc), parce que j’ai l’impression de jouer dans Les Demoiselles de Rochefort quand je les porte.


En travaillant dans la presse féminine, es-tu influencée ou non, gardes-tu le cap sur ton style sans céder aux sirènes fashion ?
La mode ne m’intéresse que quand elle vient rencontrer mon désir. Mais elle ne crée pas mon désir. Je m’explique : j’ai envie des choses avant qu’elles soient à la mode. J’ai eu envie de camel deux ans avant la mode. Là, j’ai envie de rose pâle, je sens que ça arrive. La mode est mon butler, elle me sert sur un plateau ce dont je rêvais en secret.

As-tu des tocs de l’habillement ?
Je cherche sans fin des chaussures qui ne fassent pas mal aux pieds. C’est terrible ce que les chaussures sont menteuses. Elles te font croire, dans la boutique, qu’elles vont être sympas, et après dès que tu leur as cédé, elles te tuent.

Des vêtements que tu achètes en double ou souvent les mêmes ?
C’est fini, ça. Mais j’ai beaucoup fait. Je peux quand même encore acheter à l’infini des pantalons larges.


Tu aimes t’approprier un vêtement en le coupant, en le personnalisant. Il faut sacrément bien se connaître, avoir la main aisée et surtout être libre dans sa tête et son corps
Il faut savoir coudre. Ma mère m’a appris quand j’étais gosse. Apprendre à coudre, c’est apprendre le côté impeccable qu’on a la capacité de donner au monde.

Quelle a été ta première folie vestimentaire ?
Une jupe de cuir caramel chez Mac Douglas avec mon premier salaire. Ça coûtait une mois de salaire.

La plus grosse ?
Un manteau de cachemire noir à 2500 euros, chaud, ample et si léger, chez Dover Street Market à London. Jamais je n’avoue son prix. Mais lui ne m’a jamais déçu, et ça ça n’a pas de prix.



Et la dernière ?
Un sac Hermes vintage. 350 euros. Mais les autres sac Vintage Hermès sont à 3500 euros.



Tu la trouves comment la mode de cette saison ?
Je la trouve enfin ajustée à la personne. Je n’en pouvais plus de ces filles en noir perchées sur des chaussures pour sembler encore plus minces. Les tons doux m’apaisent.


Y a-t-il eu des époques qui te font encore frissonner ou tu passes très vite à l’actualité modeuse ?
Je suis coincée dans une certaine esthétique des années 70. Rien de baba, et tout de beau-beau. Des vêtements qui allaient avec Robert Redford et Steve Mc Queen.

Après les défilés penses-tu déjà à la saison prochaine ou tu vis le moment présent
Je suis toujours à vouloir la suite. Du coup, je me l’invente et je me la chine.

Tu as des secrets de forme hormis ton canarino et ta gym complétement inventée
Mes secrets de forme sont la sieste (20 minutes, même sans dormir), la chaine TCM et ses films cultes, ne pas me gaver, ne pas boire des choses avec des bulles sauf une gorgée dans le verre des addicts, ne pas fumer, ne pas boire juste pour ne pas m’ennuyer dans une fête, me ménager des heures de solitude, ce genre…

Tu as une combine pour les cheveux, je suis sûre. Ta coupe est simplement...parfaite…
Je n’ai eu que des soucis avec mes cheveux car j’en ai autant qu’un poney shetland et la tentation était grande de sans cesse les couper. Maintenant, je laisse pousser. Je fais couper un peu quelques mèches par le coiffeur de studio sur les prises de vue, pendant que le model déjeune. Ma combine est de laver, peigner, chiffonner un peu avec les doigts, laisser sécher si possible à l’air libre, et brosser matin et soir, étriller est mon nouveau vice… après, ça brille…

As-tu encore et toujours des rêves de possession (sans péjoration) ou tu te sens un peu blasée et fatiguée par ce tournis
Je ne serai jamais blasée. Hier, un ami me disait qu’il s’en ficherait de mourir, et j’ai pensé que moi oh je veux vivre, j’ai eu tellement de peine pour lui qui ne réussit pas à espérer encore et toujours.

dimanche 24 octobre 2010

Paul Smith et ses brogues


Je connais les prémices du désir. C'est par le regard que tout commence. Et je vous dis que Paul Smith et son côté "classic with a twist" a, dans son équipe,  des fins connaisseurs des subtilités psychologiques féminines. Je ne vois pas autrement ! Une publicité, une seule, et j'étais prise. J'ai un point faible pour les chaussures qui me délocalisent de la femme. Je ne suis pas une aficionado des chaudasses de la chaussure. Ne manquerait plus que l'inscription au cirage : "je suis bonne". Bien que parfois, un peu d'appel du pied ....

Paul Smith était (pourquoi était, pfff. ...) n'est présent, à la maison, uniquement dans la partie mâle du dressing conjugal. Je jaugeais le style de Paul Smith d'un oeil pétillant, intéressé, sans pourtant, ne jamais en avoir acheté. Cette image publicitaire (la première de ma note), ces brogues de folie...la mise en scène, les incroyables chaussettes. Pas besoin de l'expliquer, vous connaissez ça aussi, lorsque le désir tourne à l'obsession ?! Ce post-ci de Guillaume Crouzet me donne envie de m'aventurer à la boutique de la Rue de la Grenelle. Pour le plaisir des yeux (et si les grèves ne me clouent pas à la gare de Lausanne;(

Burton Shoe

Jusqu'au 31 octobre, sur la page Facebook de Paul Smith, un élu photogénique des brogues peut gagner une paire. J'dis ça en passant...

Faut-il succomber à la tentation, malgré le prix ou essayer de mettre la main sur un ersatz ?

Et pour celles qui préfèrent du plus féminin, les desert boots ne sont pas mal non plus ?...

jeudi 21 octobre 2010

Le choix des mots


Alors que je triais les photos familiales, celle-ci m'a interpellée. C'était lundi, dans les gorges de l'Areuse (canton de Neuchâtel). Vous le savez ou pas, j'aime les prétextes d'un cliché ou de la mode pour parler d'autre chose. Les chemins alambiqués, les détours, l'improvisation, le non-contrôle, la spontanéité sont mes défauts ou qualités, selon le point de vue.

Ces arbres renvoient, force et puissance. Aussi robustes soient-ils, il suffirait d'une bonne grosse tronçonneuse et de deux bûcherons pour les massacrer et les faire mourir en quelques heures. Imaginez combien d'années, d'eau, de lumière il a fallu pour qu'ils atteignent cette dimension, que leurs racines s'enfoncent dans le sol. A combien de rafales de vent, de pluie et de neige ils ont résisté. Les vicissitudes de leur destinée sont tatouées dans leur écorce et ont forgé leur individualité.

Ces arbres, sont vous, moi, nous. Il y a ce que l'Autre voit, imagine, interprète à tort ou à raison. Je vous parlais ici de la difficulté des photos de soi. Il y a pire. La non-maîtrise de ce que l'on reflète. Chacun y va de son transfert personnel, juge et invente, idéalise ou dénigre. Nous avons mis des années à nous façonner par notre éducation et notre vécu. Et il suffit, parfois de quelques mots plus tranchants qu'une scie pour nous faire du mal. Il y a des années, lors de l'homélie, le prêtre comparait la parole à un lion qu'il fallait dompter. Car elle peut aussi bien détruire que bâtir positivement.

Je donne trop de pouvoir aux mots, je le sais. Métaphoriquement, ils sont une source vitale au même titre que l'eau et la lumière. Ils ne sont pas seuls, Dieu merci, à nous faire évoluer. Mais ne négligeons pas  leurs effets. Comme, les fossoyeurs des forêts, ils peuvent nous faire flancher.

C'est un blog mode et je m'égare et vous ennuie avec mes pérégrinations intérieures. Si l'on était fait d'une seule face ce serait trop simple. Je jongle toujours entre ce que je montre et ce que je suis. Paraître et être. Voilà toute la complexité d'une vie....

Edit : Tout va bien, je vous promets. Simplement des réflexions personnelles... Je reviendrai à plus de légèreté, lundi si tout va bien, aux Tiroirs à malices (j'ai hâte...), après deux jours à Paris la semaine prochaine. Oui encore !