lundi 26 septembre 2011

Etre une femme


Ces chaussures masculines (merci Mimioui ♥) devaient simplement, dans une première intention, évoquer mon doute, sur le bout et trop pointu et qui remonte.

Le style boyish et preppy, trend qui perdure depuis quelques saisons, est toujours aussi plaisant à mes yeux. Prononcez derby, richelieu, moc à glands, blazer, 7/8 et je perds tout sens critique. Je n'y voyais là qu'un penchant aussi abscons que le goût.

Puis, je me suis rappelée d'une discussion au souvenir encore vif... Envie de la partager. Parce que le choix de nos vêtements n'est pas aussi innocent qu'on pourrait le croire.

Sessun hiver 2012 - le blazer ou le pantalon ou les deux ?



Derbies Minelli sur l'agrandissement des motifs de l'écharpe que belle-maman crochète pour moi ♥

Cet été, à sa demande, j'ai accompagné une amie dans les boutiques. Un an d'abstinence total de shopping (oui ça existe!), un nouveau boulot, elle voulait renouveler sa garde-robe. L'après-midi fut fructueux. Elle était aux anges, se sentait des airs de Julia Roberts dans Pretty Woman. Les jours qui ont suivi, elle me reparlait, avec un enthousiasme ardent de ces heures passées d'une boutique à l'autre. Je souriais en ajoutant des "bienvenue dans le monde des filles qui dépensent". Ressentir des émotions face au sac de ses rêves (déniché par miracle chez Camille à Lausanne),  qui ne comprendrait pas ? A fortiori, après douze mois de jeûne complet !

Quelques semaines plus tard, le lac Léman en arrière-plan, un verre de rouge à la main, nous riions toutes les deux.  Elle me dit "mais tu ne te rends pas compte...". Dans un souffle, elle m'a raconté l'impact de cet après-midi de shopping. Sa mutation sous-jacente s'est révélée grâce à ces quelques heures de shopping.

Elle m'a décrit cette sensation nouvelle de se regarder dans le miroir et de se trouver jolie, de découvrir le regard encore plus brillant de son mari lorsqu'elle enfile une robe. La sentiment d'un coup d'oeil timide ou plus appuyé dans la rue, un compliment par-ci par-là. Elle s'est découverte audacieuse (des motardes et une robe), les waouh des copines... Je continuais de sourire de joie en approuvant ses mots sans, pour autant, capter l'émotion que je devinais derrière ses phrases.

Moutarde - céder ou pas ? photo The Sartorialist

"J'apprivoise ma féminité". D'un coup, notre conversation pleine de rires a basculé. C'était bien plus profond que ce que j'entrevoyais. J'avais face à moi, une femme magnifique, sans une once évidente de masculinité, une femme qui humainement a deux vies d'avance sur moi, une femme ! Qui, sans que je ne m'en doute, n'avait pas les réflexes innés des filles. Ces heures-là sont un des moments forts de notre affection complice l'une pour l'autre. Lorsque des années plus tôt, elle me disait "je mets une robe en liberty et on dirait "la petite maison dans la prairie" - avec de la dentelle je suis déguisée...", je ne comprenais que "ce n'est pas mon style", je n'envisageais pas que, derrière, il y avait autre chose. Lorsque je lui parlais de ces allures masculines que j'aime tant, elle pouffait "ben j'aurais l'air d'un mec" .

J'ai compris qu'être une femme est un chemin. Plus ou moins long, plus ou moins tortueux. Que choisir des vêtements n'est pas une sinécure.

Que les habits donnent bien plus qu'une apparence...

ps - aucun souci d'indiscrétion, elle a lu ce billet avant que je ne le publie !


Edit de 17 H - j'ai zappé... aujourd'hui : 3 ans de blog !!!

19 commentaires:

Flannie a dit…

Amen.
Que j'aurais aimé être à cette terrasse avec vous pour partager ces émotions. Je me retrouves énormément - oserais-je dire complètement ?- dans ce texte mais je suis incapable d'exprimer ces sentiments face à mes amies aux terrasses des cafés.
C'est bien d'ailleurs pour cela que j'écris ;-)
Et surtout que je te lis certains matins comme aujourd'hui.
Merci, ma jolie !

Marie a dit…

A ce niveau là, je crois bien que je me cherche encore. Niveau accessoires je gère mais niveau fringues ... ça me ferait du bien une bonne séance shopping avec une amie (et oui moi aussi ça fait plus d'un an !)

christel a dit…

... il me parle tellement ton billet. tu vois j'ai bientôt 44 ans et je ne sais toujours pas ce qui me va. alors je jeûne aussi et finalement je porte toujours le même style de vêtements ... je pense qu'une grande timidité m'habite et me fait hésiter. là où d'autres femmes foncent et se moquent du regard de l'autre ... je n'y arrive pas ! je suis grande, pas trop mal fichue pourtant mais bon je t'assure que parfois c'est douloureux de se retrouver dans une cabine d'essayage. ta présence et ton aide sont un beau cadeau que tu as fait à cette amie. et merci pour la photo des derbies. j'adore !

marekath a dit…

Tout me parle dans ce que tu dis ! Je me sens en pleine mutation... 41 ans, plus de boulot de salariée mais des démarches pour me mettre à mon compte, et ça a une incidence sur tout le reste, du coup plus d'assurance et l'envie de m'affranchir des blocages étranges que j'entretenais soigneusement... A très vite !

jicky a dit…

moi plus ça va, et plus la cabine d'essayage + décision d'acheter ds la foulée, je n'y arrive pas. IL me faut un essayage maison, avec avis de Monsieur, photos, looks et evaluation pdt plusieurs heures voire plusieurs jours... Du coup vive l'e-commerce, les retours chez H&M et Zara... Bref, le droit d'hésiter.

Poppins a dit…

Etre une femme, tout un programme!
Je le sais, hein ! que je suis du sexe féminin, mais de là à l'assumer.
J'y viens avec des envies de vernis à ongles (que je ne sais toujours pas mettre!) des envies de chemisiers ouverts, des jupes et des robes, ça maintenant je peux à pas très loin de la quarantaine, mais les talons aiguilles, non (d'ailleurs même si je trouve ça super sexy, je ne sais pas marcher avec et je n'aime pas avoir mal aux pieds!)
En fait, en vieillissant je me rapproche de moi, de ce que j'aime et qui me va, et je deviens femme dans les petits détails, sans céder aux sirènes des H&M et Compagnie.
Je me rapproche de ce que tu disais, dans un de tes anciens posts, peu mais mieux.

Merci pour ce post, et c'est vrai, je rejoints ton amie, que c'est pas toujours évident d'assumer sa féminité, et quand on y arrive, par petits bouts, quelle joie d'être pleine dans le sens d'unité avec ce que l'on est.

Sarah a dit…

Flannie : Ben merci ma belle... quand est-ce que tu viens passer quelques jours ici ? Invitation officielle ;)))

Marie : non mais ça ne va pas ;)))je me proposerais bien ;)

Christel : Je me rends compte que s'habbiler, se trouver, chercher, oser, tout cela s'apprend. Pour certaines c'est une évidence pour d'autres un cheemin plus tortueux. Une amie avec laquelle tu es super à l'aise, devant laquelle tu ne te gênes pas et dont le goût te plaît ça pourrati t'aider... meric pour ton comm.

Marekath : IL y a des étapes dans nos vies de femmes. On sent que la mutation est en route mais on ne sait pas comment faire... faire confiance à la vie c'est déjà pas mal. Et pour les fringues, regarder s'inspirer et un jour tu sauras. des bises.

Jicky : Je comprends même si je ne fonctionne pas trop comme ça. Mias je comprends. En même temps, on ne veut plus du jettable à nos âges... Peut-être vit-on comme nous achetons nos fringues ? Je sais que tu as une véritable affection pour le vêtement, c'est une des raisons qui fait que ton goût est affirmé...

Poppins : Oui, être pleine. Savoir qui l'on est. Toute une histoire. A force de discussions avec d'autres filles, je réalise que ce n'est pas aussi simple, ni aussi futile qu'on ne se l'imagine. et pour le vernis...as-tu acheté ce produit schage rapide. J'ai retesté hier et euh... plein d'autres fois, ça change la vie. Vriament ! des bises

Anonyme a dit…

*L'éternel féminin nous attire vers le haut* (Goethe)
Mon crédo : on ne va pas attendre d'être trop âgée pour enfin se faire plaisir, enfin oser, enfin être femme, d'où mon goût de toujours pour l'accessoire précieux.
Serais-je donc si atypique ?
T'embrasse fort, Lili

la défraîchie a dit…

Apprivoiser sa féminité, se sentir déguisée, avoir l'impression de ressembler à un mec: je ne comprends que trop bien. Au-delà de mon "style" vestimentaire, je me suis beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP pris la tête sur ma féminité. Quand j'en parlais à mes copines et que leur demandais "pour toi c'est quoi la féminité?", je me suis aperçue qu'en fait, elles aussi avaient vraiment du mal à me répondre.

Anonyme a dit…

Ouhla ! amen aussi et re-amen ! Je peux te dire qu'en ce qui me concerne le chemin est loin d'être fini. Tous les jours, absolument tous les jours, je me dis que ce n'est pas ça. Le style boyish, j'aime, j'adore. C'est sans doute le style dans lequel je me sens le mieux. Mais j'ai magré tout des doutes, et des envies aussi. Je suis toujours en admiration devant des nanas comme Anaïk, ou la Poule, ou (plus jeune, certes) Betty, qui savent chacune dans leur genre, se concocter des styles bien à elle. Est ce que j'ai un style moi ? Je ne pense pas ? Est ce que c'est grave ? Je ne crois pas. Mais j'avoue cependant que j'aime ce sentiment d'être parfaitement en phase avec moi même, lorsque les vêtements que je porte me donnent cette confiance en moi qui me fait si souvent défaut.


Gaëlle H.

Ôde a dit…

A bientôt 37 ans, je me cherche encore et toujours... Et avoir arrêté mon activité professionnelle depuis 1 an n'aide pas... En plus, ce sentiment d'être "mal fagotée" face aux amies avec qui l'on sort et qui sont toujours impeccables, renforce cette mésestime de soi !!! Bêtemnt, on voudrait les copier, mais ce n'est pas la solution !! J'aurais envie de crier "HELP" !!

jicky a dit…

Oui, Sarah, c'est l'âge: plus ça va, plus je mets la barre haut, et plus s'il subsiste ne serait-ce que 0,0003% de doute, je renonce à la pièce...

jicky a dit…

... et en plus, on evolue tellement... Les talons de 10-12 par exemple: j'ai commencé il y a disons 5-6 ans (carrément par les peep toe CDC taupe vernis, assez haut perchés mine de rien). Depuis, grosse évolution: ils ont été revendus, car j'ai appris à repérer LA qualité (cambrure et tout) en matière de talons. Et puis, au début, je les portais "premier degré": robe ou jupe + echasses. Maintenant, sdurtout pas: quand je sors mes "tribute YSL" noirs vernis, je ne les mets surtout pas avec une robe ou jupe, mais avec un boyfriend, ou un jeans brut... ça, ce sont vraiment les blogs, le regard aiguisés de certains sur les fashion weeks, qui me l'ont appris. ET ils m'apprennent toujours d'ailleurs.

muse a dit…

J'aime bien le paradoxe que ton post souligne...avant de prendre du plaisir à s'habiller comme un homme, il faut d'abord apprivoiser sa féminité! Xx Muse

Balibulle a dit…

Très joli billet, auquel je ne peux que souscrire. On a la chance de vivre à une époque où chacune peut écrire sa propre définition de la féminité. Mais il faut du temps pour oser s'emparer de cette liberté ! D'ailleurs c'est peut-être plus simple plus tard, avec les années. Quand il y a moins d'options possibles...

Flannie a dit…

Rhôôô, ça me fait envie !
Pour l'instant, je sens que j'ai besoin de me poser, faire des choses que je n'ai pas faites depuis des siècles telles que... le ménage et des bouquets de fleurs :-s
Mais il faut que nos boucles se racontent leurs aventures !

PS: J'essaie de t'appeler entre vendredi et dimanche. Je croise mes boucles pour toi !

maisquelbeautemps a dit…

Oui, oui et re-oui.

Il y a une convention sociale, une sorte de pacte silencieux, selon lequel "mais bien sûr, toutes les femmes veulent être au top de leur féminité", donc on ne discute plus : on balance des modes d'emplois à tout va.

alors que, comme tu l'évoques, le coeur du sujet est ailleurs... quand on ose se regarder vraiment dans le miroir, c'est de la féminité dont il est question. celle qui nous ressemble, celle qu'on s'autorise, celle qu'on risque, celle qu'on transgresse...

et là... wellcome sur le chemin de l'histoire personnelle, intime et subtile : au point de rencontre en notre histoire, le présent et nos espoirs...

aaah que ton billet me parle, que la relation entre ton amie et toi me touche... suis en terrain connu, me semble!

dis, tu sais, y'a des terrasses à Paris aussi! aimerais tellement converser avec toi ;D

Anaïk a dit…

Mince de mince, j'arrive TRES tard pour te souhaiter un happy blogsday, déjà 3 ans !
Ah trouver sa féminité et l'honorer, tout un programme.
Je dirais qu'en vieillissant, on commence à mieux se connaitre, à oser et assumer plus de choses, il faut au moins un avantage ! Bizzzz

Sarah a dit…

Lili : Pas atipyque..toi c'est déjà pas mal ♥

la défraîchie : c'est au-delà de porter une robe ou pas, des bijoux ou non. Peut-être être en paix avec les hommes et accepter son statut. Perso j'adore être une femme, vraiment ;)

Gaëlle : Oui, le vêtement peut apporter de la confiance, parfois protection aprfois révélateur d'éclat ;)

Ode : Toi t'as besoin d'une bonne virée shopping avec une copine ! ;)

Jicky : Je suis d'accord avec tout ;) d'ailleurs j'ai un post à retravailler sur le sujet ;)))

Muse : Ca peut être un déguisement, mais pour cela il faut une sacrée dose soit d'auto-dérision soit de confiance en soi (Renee dello russo !) mais s'être apprivoisée aide un peu ;))

Balibulle : Je ne sais pas... lorsqu'il y a moins d'options il faut avoir trouvé et son style et s'être acceptée. Et puis il y a des choses qui deviennent plus difficile à accepeter. Le jour de mes 40 ans je me sentais vieille et moche. Je croise la maman d'une amie qui me dis "Oh ! mais tu es jeune !" et là, cette phrase toute simple m'a replongée à cette époque entre 15 et 25 où je ne m'aimais pas. J'ai repensé à ma peau à l'absence de rides à l'énergie de ces années-là et me suis dit "stop", profite des 40 pour ne pas, à 60 ou 70, la voix chevrotante me dire "oh...mais j'éais encore pas mal à 40 ans". Profiter de sonâge et de sa féminité à l'instant où l'on est !

Flannie : Le pouvoir des fleurs... je connaîs bien ♥

mais quel beau temps : "le présent de nos espoirs" je te pique cette belle et expressive phrase. Merci...

Anaik : Oui, ne pas regretter dans 10 ou 20 cette époque révolue. vivre l'instant présent avec tous les possibles ;) merci pour l'anni ;)