Point de modasserie aujourd'hui ! Pour la première fois, je me lance dans les jeux d'écritures, initiés par Madame Kévin. Le point de départ est une photo (cette fois l'image a été choisie par Lizly) puis, celui qui veut, s'amuse avec ses mots. L'ensemble des textes est publié sur le blog à mille mains. Allez, je me jette à l'eau...
Je savais que je devais écouter mon intuition et ne pas accepter ce rendez-vous. Sous des airs de "boire un café", le règlement de comptes, tapi, n'attendrait qu'une occasion pour nous sauter à la gorge.
- Salut, ça va ?
-Bien et toi ?
On s'embrasse du bout des lèvres, commandons, la nuque raidie. On tourne nos tasses, tripotons nos sacs respectifs.
- Et alors ? Qu'est-ce que tu deviens ?
Essayer de survoler ces quelques mois sans l'autre est un leurre de romantique essoufflé. Il manque l'entrain, la fébrilité des retrouvailles. Les sourires sont figés, les regards s'évitent, les bouches sont pincées. L'illusion ne prend pas.
On sait l'une et l'autre que les non-dits seront tus, que l'essentiel sera enfoui.
On se quitte sans promesse.
Je me retourne, regarde la troisième chaise, l'assise de notre histoire défunte...
Une amitié éteinte c'est un goût amer au fond de la gorge. L'étrange face à face entre des heures de partage, de chagrins consolés, d'écoute patiente, de bonheurs éparpillés et les chemins divergents, les jugements, les rancoeurs.
Une pénible déglutition qui, le moment venu, laisse enfin le passé là où il doit être : derrière nous.
19 commentaires:
Les mots ne sortent pas mais de nombreux détails sont terriblement expressifs (les postures figées, l'évitement des contacts). Tu as su saisir tous ces détails pour nous raconter une histoire, sans trop nous en dévoiler. Tu sembles "effleurer" tes personnages et tout est d'une grande délicatesse.
Tu ne peux pas imaginer le plaisir que tu me fais en participant à ce jeu. Je vais vite intégrer ton texte sur le blog "Jeux d'écritures".
Merci Sarah...
Rien de plus redoutable que les non-dits, ils sabotent toute relation. Mon unique résolution pour 2010 ? Arrêter les non-dits, la vie est tellement plus simple sans eux. Bravo pour ton exercice, tu me bluffes !
La fin d'une amitié est parfois aussi triste que la fin d'une histoire d'amour.
Tes lignes sont si justes qu'on se retrouve - un court instant - le coeur plein de feuilles mortes...
Suis impressionnée, Lili
ça se dit "on tripotons"??
désolée, super sensible à la syntaxe en ce moment! deformation professionnelle sans doute...-:)
Bravo tu t'es lancée et c'est sacrément réussi.
Les longues amitiés n'évoluent malheureusement pas toujours dans le sens qu'on voudrait.
Je trouve que la photo reflète très bien ce que tu as écris.
Quel plaisir de lire ton texte! D'accord avec ce qui a été dit. Tu as trouvé les mots justes dans un style sobre et impeccable. (j'en suis toute admirative).
Quelle belle idée a eu notre chère Madame Kévin!
Et bravo également à Lizly !
Bravo bravo. on saisit l'instant. comme dit Lili, la fin d'une amitié est tellement triste!
je vais de ce pas sur les sites mis en référence!
Merci bonne journée!
Audsie
Je me reconnaît dans ce récit et te remercie de l'avoir si bien "pondu" -si je peux me permettre.
Tu m'inspires tellement... une vraie bouffée d'air frais chaque jour.
Madame Kevin : ce matin, après le bilelt de Violette, plus tes mots, je suis sentimentale et touchée. Merci et quel masse de travail tu abats, suis impressionnée.
Anaïk : Je ne suis jamais dans le non-dit, jamais. Ou pour une heure, après je prends le tel ou le clavier ou le crayon et je dis... mais, promis, plein d'emmerdes... faut assumer :-)
Lili : En fait je n'en ai eu qu'un chagrin et je n'en aurais qu'un. Et je l'ai toujours dit, l'amitié c'est une histoire d'amour sans le sexe... Sauf que maintenant, j'ai mis des distances... Merci :-)
Civetta, argh... j'avais mis un nous, puis je l'ai enlevé... j'fais quoi, ?? hein ? et dieu sait que j'ai horreur de ces erreurs... dis-moi ! je pensais qu'on sentait que le nous était sous-entendu :-)
Lululike : Je n'ai que de longues amitiés... et une morte ! Et contre toute attente (ce n'était pas mon but), le blog m'a amené certaines vraies amitiés. mais un an, c'est le début d'une histoire...
Isabelle : Oui, elles sont sacrément méritantes... j'ai survolé le tout et ce petit texte, écrit en 10 min. m'a permis de mettre un terme à une peine qui durait depuis 4 ans...comme quoi !
Lili : Il y a une vie à côté des blogs mode, d'aillerus je vais refaire ma blogroll, car j'en lis qui ne sont pas ici et je vais séparer pour que vous sachiez mieux qui fait quoi... Merci pour elles !
Ah l'amitié... un bien si précieux... un être avec qui on peut tout partager, tout donner, sans tabou, aucun! Un "autre soi" qui nous comprend à demi-mot, quelle sensation délicieuse, sensation d'être vivante!
Ton texte est talentueux, sincèrement bravo! Tu as tout dit, on s'y retrouve chacune... Isabelle, maman de Maëva ;o)
Que c'est bien écrit, que c'est bien décrit, cette gène, les non dits... "Assise de notre histoire défunte". J'adore.
Pas mal cette petite histoire. J'aime beaucoup cette idée de rassembler les divers histoires, bon concept !
La forme. Le fond. Juste bravo.
Réussir à assembler les mots justes de manière à ce qu’ils expriment un ressenti le plus fidèlement possible mais aussi avec une certaine poésie est un exercice très difficile: et tu le réussis avec brio! Je passe mon temps à chercher mes mots, avec cette sensation constante d’inexactitude. Ici, tu as exactement retranscrit ce malaise des retrouvailles où l’on a déjà épuisé ce qu’on avait à se dire, avant même de commencer. C’est un sentiment assez commun somme toute, qui est pourtant joliment et justement relaté dans ton texte. C’est ca pour moi la puissance d’un auteur : saisir l’impalpable dans l’ordinaire et le transcender. Et le truc que je trouve génial avec les mots, c’est qu’il y a autant de possibilités pour le faire que d’auteurs pour l’écrire.
Tout comme Madame Kévin ça me fait plaisir de te voir participer à ce jeu d'écriture ! Tes mots font à la fois l'histoire et l'ambiance dans ce texte, bien écrit, simplement, efficacement !
Jolie atmosphère :) Bravo !
le pb, c'est que le français interdit, par sa syntaxe, de tels sous entendus: le sujet de tripotons est forcément "on" à cause de la virgule, because 2 independantes.
Je ne vois qu'une seule solution, ou tout ON ou tout NOUS (sachant que le "on" est qd meme très moche en litterature..): (d'autant que "on tourne nos tasses," n'est pas une formulation très jolie...)..
En plus meme probleme entre "'on s'embrasse" et commandons, c'est du charabia niveau syntaxe...
solution:
"Nous nous embrassons du bout des lèvres et commandons, la nuque raisie".
"nous tournons nos tasses et tripotons nos sacs.."mais il faut mettre tout le texte au "nous"; je ne suis pas trop pour le "on", ça fait sous-nouveau roman pretentieux modianesco-duras et c'est moche.
Très réel.
Tellement vrai...et si bien écrit...
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