jeudi 30 juillet 2009

Mille morceaux - James Frey


S'il y a un livre qui m'a marquée ces derniers temps, c'est bien ce premier roman-témoignage qui raconte la longue descente aux enfers de l'auteur lui-même, suivi de sa rédemption, son instinct de survie pour sortir de l'enfer de la drogue et de l'alcoolisme. Vous vous dites, encore un livre sur ce sujet.... Je vous répondrai que c'est le premier qui parle aussi sincèrement de cette dépendance et de la traversée solitaire et infernale pour tenter de vivre.


L'histoire est crue, sans fioriture. James Frey se targue de n'avoir point auréolé son parcours de glamour et de romantisme. Les mots sont simples, vivants, irrémédiablement le lecteur est touché. Il martèle les mots, répète souvent, mais pour mieux nous faire saisir l'ampleur de sa souffrance, de l'horreur et du gouffre sans fond qu'est la dépendance. D'entrée le sujet est clair. James, 23 ans, dont 10 d'alcool et de drogue, 4 dents cassées, un trou dans la joue, des hématomes sur le corps est dans un avion, sans aucun souvenir de ce qui s'est passé. Il est accueilli par ses parents pour entrer en cure de désintoxication. Sa dernière chance, l'ultime choix, vivre ou crever comme un animal. Il ne va pas par quatre chemins, c'est précis, aucun détail n'est enjolivé. Il vit le choc d'une cure intraitable, sans filet. Des règles quasi militaires encadrent les malades (dont il refusera le terme) avec les méthodes des Alcooliques Anonymes. Préceptes qu'il reniera jusqu'au bout. Sa théorie personnelle est qu'il est entièrement responsable de ses choix et qu'il est hors de question de remplacer une dépendance par une autre (en l'occurrence Dieu pour les AA), Démarche risquée mais vraisemblablement adaptée à sa personnalité. Il boit le calice jusqu'à la lie. Le dire n'est rien en comparaison de la réalité décrite dans ce live. J'adhère à ses idées sur la rédemption par la reconnaissance de ses erreurs mais je ne porte aucun un jugement de valeur sur les croyances de chacun.

Mille morceaux est un roman incontournable et novateur par son approche, sans filet, abrupt sur ce thème souvent abordé dans la littérature. A portée de tous, sûrement, aimé ou détesté probablement, différent assurément.



Dès sa sortie, Mille morceaux a connu un succès retentissant. Adulé, invité sur les plateaux de télévision (notamment chez Oprah Winfrey par deux fois) il est descendu par la presse quand il est apparu que son témoignage n'était pas la réalité pure. Personnellement ces diatribes médiatiques m'importent peu. Son personnage m'agace légèrement mais son talent est incontestable. Vérité, inspiration, roman, on s'en fiche. Son éditeur l'a lâché en cours de route. L'écrivain banni de tous s'est réfugié en France et refera surface en septembre avec un deuxième roman que je m'empresserai de découvrir.

11 commentaires:

mariga(z) a dit…

Je t'admire pour t'atteler à lire de tels témoignages... Trop pour moi. Surtout j'ai du mal à me motiver pour lire ! Alors, un truc glauque comme ça... je ne me porterai pas d'emblée volontaire !
Je rejoins Barjavel quand il dit que les douleurs sont assez présentes dans la vie et que la littérature doit être au-delà (pour lui dans la SF).... D'ailleurs, je me demande si je ne vais pas relire ses histoires ?

Unknown a dit…

évidemment comme lecture de vacances c'est pas marrant... !mais ça m'intéresse alors je garde en note pour plus tard. Bises

Frieda l'écuyère a dit…

Amis du fun et de la joie de vivre, bonjour.
Ma Sarah, je t'adore pour nous balancer des billets de ce genre en plein été. Entre autres.
Moi ça me dirait assez, le glauque, mais je lis tellement peu, faute de temps... j'ai toute une pile qui m'attend.

mariga(z) a dit…

Quoique le glauque j'aime bien finalement..... Zok, te dirait sans doute que j'ai des goûts glauques (notamment en musique...), j'ai bien aimé lire Bret Easton Ellis ou encore les Stefen King, mais ça reste si loin du témoignage... On ets d'accord !
Fri ! Morte de rire :)))

Baraginie a dit…

Ca me dit bien, je vais regarder si je trouve ca dans mon youké adoptif, mais une fois que j'aurais lu mes autres bouquins hein, parce que sinon la pile de "a lire" va etre énorme!
Pour en revenir a ce que disait Mariga(z), Bret Easton Ellis ca m'a un peu fait un effet boeuf. Il faut dire que j'avais un lover British quand j'habitais a Londres qui m'avait offert Glamourama, c'est super trash et il y a du cul toutes les 3 pages (on peut dire "cul" ici?).

Bref, sauf que lui et moi niveau danse du bassin c'était vraiment pas ca, il assurait pas une cacahuete. Donc 1. j'étais choquée par les scenes hard et 2. j'ai pas compris pourquoi il me l'avait offert.

Va comprendre Charles! (ouuuais! j'ai réussi a caser cette expression 3 fois en 2 jours!!! :)

Frieda l'écuyère a dit…

Et je rajouterais même : va comprendre, Charles !

mariga(z) a dit…

@ Baraginie :
Glamourama... euh ben voilà, c'est bien un des seuls que je n'ai pas lu :))) Y'a du cul dedans ?! C'est un livre de vacances alors ?
Désolée, Sarah.... L'effet du mille morceaux est parti en vrille ;o)) Mais je sais que tu ne m'en voudras pas :)

Anaïk a dit…

Tu me donnes envie de le lire ce bouquin, pourtant le sujet manque cruellement de légèreté et c'est ce que je recherche en vacances.
Va pour Mille morceaux et un roman de gare en plus sous le bras fera l'affaire !

L'armadio del delitto a dit…

Joli post qui me donne envie de lire ce témoignage mais... tu m'en veux si j'emmène un roman un peu plus joyeux dans ma valise?

Sarah a dit…

Mariga(z) : C'est pas vraiment glauque, enfin pas drôle... Non, c'est vrai, glauque... Je pense que c'est un exutoire dans ma vie bien rangée, vivre par procuration des trucs sombres. Qui contrarement aux apprences extérieures, reflètent mon monde intérieur...

Sylvie : Tu me diras ce qu tu en auras pensé. Bonnes vacances, profite !

Frifri : MDR... j'y avais pas pensé. Je crois que jamais je ne serais vile et calculatrice....

Sarah a dit…

Mariga(z) : Pour avoir lu plusieurs d'Ellis ça n'a rien à voir. Un autre genre.... American Psycho c'était de la perversion sur l'autre (loué le film juste pour voir ce qu'il en sortirai, ben mille bof), tandis que Frey c'est une histoire de vie.

Baraginie : Pas lu celui-là... mais son suivant...
Et va comprendre Charles qu'on associe un moment de lecture à ce que l'on vit au moment ou on lit !!! Je me comprends c'est tordu... becs poupoule !

Fri: tu l'as dit :-))

Mariga(z) : Ne t'inquiète pas pour ça... :-) de là à dire qu'on lit du cul quand on en a pas dans sa vie, hein... Charles, va comprendre...

Anaïk : On va se croiser... Tu me diras si tu l'as aimé... becs

L'armadio del deletto : Eh ! Mais quel plaisir de te retrouver chez moi. Tu me diras, mais je comprends que tu veuilles du plus léger.