mercredi 18 novembre 2009

Un Homme - Philip Roth


Ce cher, très cher Philip Roth, l'un de mes auteurs favoris avec, entre autres Cormac Mc Carthy (posté ici). "Un homme", un roman majeur dans son oeuvre monumentale, est un livre plein de grâce malgré les thèmes peu racoleurs que sont la mort et la maladie. Il ne faut pas s'arrêter à ses deux mots, car l'écrivain surdoué réussit à nous maintenir à distance de l'histoire. Aucun pathos, peu d'émotions, il se lit comme une histoire mais aura certainement un impact différent selon que l'on ait 20, 40 ou 60 ans.


La première scène, un enterrement dans un cimetière juif décrépi, des hommages. Le talent et l'écriture racée, à ce moment précis, nous emballent bien plus que le sujet. Partant de la mort de son personnage principal, personnage qui n'aura ni nom, ni prénom (dans sa version originale le titre est "Everyman"), Philip Roth retrace la vie ordinaire d'un publicitaire new-yorkais, retraité et surtout rattrapé par la maladie et les opérations du coeur. Par un va-et-vient, il raconte l'enfance heureuse dans une modeste bijouterie juive, l'amour fraternel pour son aîné devenu un riche financier. Ces détails insignifiants qu'il a vécu mais qui semblent aujourd'hui prendre toute leur ampleur alors que l'inéluctable pointe son nez. Ni moralisateur, ni donneur de leçon, l'auteur parcourt avec majesté la destinée de ce retraité malade du coeur. Des constats : trois divorces, deux fils qui le méprisent et sa dernière-née qui sera la seule présence aimante jusqu'à la fin. De sa vie dans un appartement en résidence pour personnes âgées aisées, il songe, téléphone à des collègues aujourd'hui malades, il se remémore le mal qu'il a fait en abandonnant une épouse pour une histoire de fesses avec un mannequin. Sans pour autant regretter ce qui a été. Il repense simplement à sa route.


On croit mener un vie singulière mais quand arrive la fin du parcours, elle devient banale. Il reste nos choix et surtout, nous-même face à nos décisions. Sous l'encre de Philip Roth, l'ordinaire devient tantôt froid, tantôt triste mais jamais pathétique.




Philip Roth, écrivain américain est né le 19 mars 1933 à Newark dans le New Jersey. Son oeuvre littéraire est immense. Il a inventé un personnage, son alter-égo, Nathan Zuckerman qui sera un personnage central dans nombre de ses romans. Sa dernière création, "Exit le fantôme" a été encensée par la critique. On en reparlera.

13 commentaires:

Madame Kévin a dit…

Je suis émue par ce billet. Tu écris juste. Tu dis exactement ce qu'il y a à dire sur Philip Roth. Une lecture superficielle pourrait laisser croire qu'il est impudique. Mais non. Son écriture est d'une grande délicatesse. Comme tu le dis, il écrit au plus près de lui-même mais ne tombe jamais dans le pathos. Merci pour ce billet, Sarah. Il me touche beaucoup.

Stéphanie a dit…

Formidable billet ! Bravo Sarah !

Friendss a dit…

J'ai découvert ton blog y'a peu dans le magasine Femina et depuis, je passe régulièrement une tête pour lire tes nouveaux billets.

Et celui-ci m'a touchée. Grâce à ton écriture que je trouve très belle. Je n'ai (encore!) rien lu de Philip Roth, mais après avoir lu ton commentaire du livre, j'ai envie de foncer dans la librairie la plus proche. Ce que je ne tarderai pas à faire!

Au plaisir de continuer à te lire!

spiruline a dit…

Je n'ai pas encore lu Philip Roth mais ta présentation qui va à l'essentiel, ton analyse du livre et de l'écriture de son auteur me donnent envie de ne pas mourir idiote... Peut-être à Noël aurai-je le temps de me remettre sereinement à la lecture, de ce bouquin notamment..

Brown Sugar Girl a dit…

Je n'ai lu que "The Human Stain" de Roth. Je l'ai lu en anglais et j'ai été emportée par son style, que je percevais même à travers la barrière de la langue étrangère. Comme tu le dis si bien, son écriture est d'une finesse et d'une habileté telle qu'à travers elle tous les thèmes peuvent être abordés sans jamais avoir le sentiment désagréable de voyeurisme.

J'aime bien quand tu parles d'autres choses que de mode, aussi - tu en parles tout aussi bien et on apprend quelque chose de nouveau sur toi et tes goûts extra-modesques :)

frieda l'écuyère a dit…

Je ne l'ai pas lu. Alors j'attendrai Toussaint. Tu le sais, j'aime tes chroniques bouquins.

mariga(z) a dit…

A chaque fois, je me dis que je devrais lire Roth, mon intérêt pour l'Amérique, NY etc... toujours pas... je cours après le temps, et là en ce moment ma pile de bouquins, je ne la regarde même plus.... "le complot contre l'Amérique" doit être quelque part ^^

Emiiiiiii a dit…

A chaque fois tu me donnes envie... j'aimerais que tu me donnes aussi le temps.

C'est difficile de donner son avis sans avoir lu. Mais tes mots à toi, en tout cas, me parlent.

Bise :)

toupie a dit…

Il est très beau ton billet, et ça me donne envie d'en savoir plus sur l'homme ! enfin l'écrivain

Sarah a dit…

Madame Kévin : C'est ton comm qui me touche. faire ces bilelts sur les bouquins est mon petit plaisir, j'ai si peu de comms mais ceux laissés sont toujours forts... :-)

Stéphanie : Merci beaucoup !

Friendss : Merci pour ta visite et bienvenue. tu me rediras si tu as aimé, hein ?

Spiruline : tu es une femme d'aujourd'hui et oui, profite de l'occasion des vacances de Noële et du Père Noël. Le dernier est parait-il sublime, Je vais aussi le demander pour le 25 décembre...

Brown Sugar girl : On a pas le même niveau d'anglais !!! Waouh ! Et merci pour tes mots doux, ça me fait supra plaisir.

Frieda : Critiquer Toussain qui m'endors... et merci de suivre cette rubrique :-)Nos petits plaisirs : le Elle vintage pour toi, les livres pour moi. On continue, hein ?

Mariga(z) : Je suis sciée, j'étais convaincue que tu en avais lu toute une série. Quand ce sera fait tu me toucheras un mot, dis ?

Mimi : Je sais et c'est sûrement pour cela le nombre énorem de comm. Jimmy vs Roth !!! Prends le temps, il en vaut la peine. des bises.

Toupie : j'ai fait cette rubrique et mon plaisir est toujours grandissant. comem peu lisent je peux te donner quelques explications. Je ne lis volontairement aucune critique du bouquin dont je veux parler. Par contre je sors les interviews de l'auteur et là, souvent, mon plaisir de lire est quintuplé par le personnage qu'est l'écrivain. rarement déçue. Alors merci de me dire ces gentilels choses. Bon retour, traîtresse en Sandro (je dis ça parce que je suis jalouse....:-)))

mariga(z) a dit…

Je vais déjà tenter de finir le Ellory ;-)

M1 a dit…

Ton billet est agréable et juste ! J'ai exactement la même perception humaine que toi de ce talentueux monsieur. Je ne sais pas si tu as lu "Reading myself and others", je te le recommande vivement !
Bravo pour ce post !

Les américains ont Philip Toth, les français Frédéric Beigbeder : )

Sarah a dit…

Mariga(z) : Jamais réussi, moi :-)

M1 : Merci, merci pour ton com. Vraiment ! cette rubrique livres, j'y tiens et recevoir un comm comme cela me met le coeur en fête :-)